Cercle Louis Paul Boon

L’associatif flamand qui réveille les consciences

Le cercle Louis Paul Boon (Louis Paul Boon­kring) est une asso­cia­tion socio­cul­tu­relle fla­mande, com­po­sée de béné­voles. Elle s’engage de manière trans­ver­sale et cri­tique en faveur d’une socié­té plus juste, durable, paci­fique et inclu­sive. L’association existe depuis plus de 40 ans et suit comme fil conduc­teur des thé­ma­tiques de réflexion et d’action comme « culture et poli­tique », « l’extrême droite », « guerre et paix », « cli­mat et inéga­li­tés sociales » ou encore « migra­tion ». Ren­contre avec Mark Michiels, son coor­di­na­teur.

Comment le Cercle Louis Paul Boon se définit-il politiquement ?

Le cercle Louis Paul Boon est une asso­cia­tion de gauche, qu’on pour­rait qua­li­fier poli­ti­que­ment de rouge-verte. Son enga­ge­ment social guide le choix de ses thé­ma­tiques, nour­ri par une pro­fonde indi­gna­tion face à l’injustice sociale, les inéga­li­tés, l’oppression, les vio­la­tions des droits humains et la dégra­da­tion de l’environnement. Sur le plan poli­tique, il réunit des gens aux sen­si­bi­li­tés variées – Voo­ruit, Groen, PvdA – ce qui favo­rise une diver­si­té de points de vue.

Cette hété­ro­gé­néi­té per­met d’élever le débat, d’élargir nos pers­pec­tives et de mobi­li­ser de nom­breux réseaux dif­fé­rents. Nous saluons l’indépendance du sec­teur socio­cul­tu­rel vis-à-vis des par­tis poli­tiques, mais nous regret­tons amè­re­ment la dépo­li­ti­sa­tion pro­gres­sive de ce sec­teur impo­sée par le gou­ver­ne­ment fla­mand. Une ten­dance qui s’est res­sen­tie dès les années 1980 sous des ministres de la culture libé­raux comme Karel Poma et Patrick Dewael et qui s’est ren­for­cée depuis.

Qui était Louis Paul Boon ?

Boon était un écri­vain fla­mand enga­gé. Mais en plus d’être un auteur de poé­sie, de romans, de nou­velles, de cri­tiques lit­té­raires et artis­tiques, il était aus­si une figure média­tique, un tendre anar­chiste, un com­mu­niste, un chro­ni­queur, un bon vivant… Nous cher­chions un nom por­teur de sens dans lequel nous pou­vions nous retrouver.

Quelles activités phares ou grandes campagnes de sensibilisation avez-vous mises en place ces dernières années ?

En 2024, nous avons lan­cé la cam­pagne « Extrême droite, non mer­ci / extreem­rechts nee bedankt », un grand pro­jet de sen­si­bi­li­sa­tion en Flandre et à Bruxelles visant à aler­ter et rendre conscient la popu­la­tion des dan­gers de l’extrême droite. Cette année, nous avons éga­le­ment lan­cé un grand pro­jet autour de l’exclusion numé­rique. Par ailleurs, face au blo­cage des ins­ti­tu­tions poli­tiques bruxel­loises depuis neuf mois, nous avons aus­si ras­sem­blé la socié­té civile bruxel­loise – néer­lan­do­phone, fran­co­phone et mul­ti­lingue – pour dépas­ser la pola­ri­sa­tion actuelle. Ensemble, nous avons rédi­gé un appel, « Nous exis­tons tou­jours ! / Wij bes­taan nog alti­jd !», que nous sou­met­tons à signature.

Comment fonctionne le cercle ?

Le cercle fonc­tionne en tant qu’association de fait et ras­semble 125 membres. Nous rece­vons un sub­side annuel de la VGC (Vlaamse Gemeen­schaps­com­mis­sie) c’est-à-dire la Com­mis­sion com­mu­nau­taire fla­mande. Nous sommes éga­le­ment affi­liés à la struc­ture Curieus vzw, ancien­ne­ment connue sous le nom de Cen­trale voor Socia­lis­tisch Cultuur­be­leid (Centre pour une poli­tique cultu­relle socia­liste. His­to­ri­que­ment, Curieus pré­sente de nom­breuses simi­li­tudes avec le mou­ve­ment d’éducation per­ma­nente PAC.

Pour quelles raisons le décret qui régissait l’éducation populaire en Flandre a‑t-il été supprimé ?

L’éducation popu­laire été rem­pla­cée petit à petit dans les années 1980 et 90 par l’idée de tweede kans onder­wi­js (« ensei­gne­ment de la deuxième chance »). En Flandre, comme d’ailleurs par­tout en Europe, l’enseignement est peu à peu deve­nu un socle pré­pa­ra­toire pour le mar­ché de l’emploi plu­tôt que d’être un lieu d’éducation des citoyen·nes. Cela a aus­si influen­cé le sec­teur de l’éducation per­ma­nente. Le sec­teur socio­cul­tu­rel s’est ain­si for­te­ment pro­fes­sion­na­li­sé, les sub­sides ont été de plus en plus liés à des pro­jets, ce qui a notam­ment mené à son ins­tru­men­ta­li­sa­tion par le poli­tique. Dès lors la socié­té civile fla­mande a per­du son rôle cri­tique et de réflexion. C’est d’ailleurs un point que nous sou­hai­tons for­te­ment réflé­chir dans les temps qui viennent.

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