27 octobre 2023
Allongé sur le matelas dans l’obscurité avec seulement une légère lumière provenant d’une pauvre petite bougie. J’ai fermé les yeux, espérant m’endormir, mais cela ne marche pas. Deux jours et deux nuits sans une seule minute de sommeil.
Il est étonnant de constater à quel point les sens humains deviennent plus aigus et plus sensibles lorsque vous en perdez un. Comme les personnes aveugles dont l’ouïe devient plus fine. C’est ce qui m’est arrivé en fermant les yeux.
Pendant la journée, il y a beaucoup de bruit, beaucoup de sons : des sons de conversations, de paroles, de cris, de bombardements, d’explosions, de drones, de forces aériennes qui découpent le ciel en morceaux. Tous mélangés, de sorte que l’on ne peut se concentrer sur aucun d’entre eux.
Dans l’obscurité, dans le silence supposément total, et alors que j’étais allongée avec les yeux fermés, j’ai commencé à me concentrer davantage sur les sons qui m’entouraient : le bruit d’une feuille de plastique recouvrant la fenêtre à la place du verre qui se déplace sous l’effet de la brise nocturne ; la respiration et les soupirs de ma mère à côté de moi ; les battements de mon cœur ; le couinement des blattes des champs ; le bruit d’un oiseau qui rentre tardivement dans son nid ou qui s’envole de son nid à cause d’un bruit d’explosion ; un petit bébé qui pleure chez le voisin et sa mère qui le berce ; le balancement des branches des arbres qui bougent légèrement ; le cri d’un hibou qui vient de loin ; les chiens errants qui deviennent fous et aboient lorsqu’une bombe explose ; le bruit de quelques chats qui se battent.
Tous ces sons sont synonymes de vie, d’espoir, de lendemains qui chantent malgré tout.
D’autres sons viennent s’ajouter à tous les autres sons, les faisant disparaitre, occupant l’air et l’atmosphère, envahissant le silence pour dire que la mort arrive, le son du drone militaire, dont le seul son similaire est celui de la machine à raser électrique, multiplié par cent, remplissant l’espace de son bruit agaçant que personne ne peut ignorer, ne serait-ce que l’espace d’un instant. Toute créature vivante est obligée de l’entendre, tout le temps : les humains, les animaux, les oiseaux, les arbres, même les pierres pourraient craquer à cause de la folie que ce son provoque. Cela ne me rappelle qu’une chose : la lente mise à mort par la torture au Moyen-Âge.
Les avions militaires qui passent, F 15 – F 16 – F 32 F je ne sais quoi, coupent le ciel comme un couteau traverse un morceau de beurre, emportant la mort partout où ils passent.
Le bruit des obus d’artillerie : boum. Chaque obus produit en réalité trois sons, l’écho du son répété : boum, boum, boum, commençant fort et s’éteignant en trois temps. Le bruit des fusées, très fort, très net. Si vous l’entendez, c’est que vous êtes en vie ! Il est si rapide que si la roquette vous frappait, vous ne l’entendriez pas.
Lorsque quelqu’un à Gaza entend une roquette, il sait immédiatement qu’elle a touché d’autres personnes, laissant derrière elle la mort et la destruction. Nous le savons tous par expérience, nous l’avons appris à nos dépens au cours de plusieurs guerres contre Gaza.
S’installer dans le noir en essayant d’ignorer les bruits de la mort et se concentrer sur les petits bruits de la vie, ce n’est pas facile, mais c’est ma façon de passer la nuit en espérant vaincre l’insomnie pendant quelques heures.
12 décembre 2023 (Un jeune analyste politique et militaire)
Ma femme Abeer fait un travail formidable, elle gère, facilite et soutient une grande équipe de conseillers, de travailleurs sociaux, d’infirmières, de physiothérapeutes, d’animateurs, d’ergothérapeutes et de travailleurs en réadaptation dans les centres d’hébergement de la zone intermédiaire grâce à son travail à Humanité et inclusion. J’assure également le suivi et le soutien d’une équipe de conseillers et de travailleurs sociaux dans la zone centrale et dans le sud grâce à mon travail au Centre de développement MAAN.
Nous sommes accueillis par le Dr Raafat Alaydi, directeur de l’hôpital al-Wafa du camp de Nuseirat. C’est un homme formidable, on sent qu’il ne dort jamais, qu’il bouge tout le temps, qu’il gère une énorme équipe de médecins, d’infirmières, d’employés, qu’il se procure tout ce dont l’hôpital a besoin autant qu’il le peut, qu’il contacte toutes les ONG et tous les donateurs tous les jours, qu’il s’assure de la nourriture et des besoins de base de tout son personnel.
Comme ma femme et moi n’avons pas d’antennes de nos organisations à Nuseirat, il n’a pas hésité à nous offrir un local équipé d’électricité et d’internet pour faciliter notre travail.
Après la longue journée à l’hôpital d’al-Wafa. Comme nous n’avons pas d’électricité, pas de réfrigérateur et que nous ne pouvons pas stocker de légumes frais, nous devons acheter ce dont nous avons besoin au jour le jour. Après une longue journée, nous marchons deux kilomètres et demi pour rentrer à la maison, parfois nous trouvons un âne qui tire une charrette en bois, alors nous montons à bord, parfois nous ne le faisons pas et nous marchons en portant nos sacs avec les ordinateurs portables et tout ce que nous avons acheté pour le lendemain.
Aujourd’hui, heureusement, après 20 minutes de marche, nous avons trouvé un âne qui se rendait dans le quartier de Sawarha où nous vivons. Il nous avertit que les frais sont de 3 shekels chacun, nous avons accepté. Après quelques minutes, nous entendons une énorme explosion qui nous effraye. Abeer dit involontairement que c’était très proche.
Le jeune ânier, qui était très détendu, a dit :
_ « Non, c’est à au moins 1 km au sud, c’est loin.
Abeer dit : Comment le sais-tu ?
_ Je le sais, c’est tout. Tu devrais être capable de le savoir aussi.
_ Pourquoi devrions-nous le savoir ?
_ C’est la première fois que vous assistez à une guerre à Gaza, vous n’êtes pas d’ici ?
_ Si, nous sommes d’ici.
_ C’est étrange, alors, tu devrais être capable d’identifier le son des explosions et de mesurer où il se trouve. Tu devrais aussi être capable de différencier le son des missiles et celui des roquettes.
_ Comment t’appelles-tu ?
_ Ahmad.
_ Quel âge as-tu ?
_ 9 ans.
_ Tu vas à l’école ?
Ahmad : Plus maintenant car les classes sont devenues des abris, mais sinon bien sûr, je suis en quatrième année de primaire à l’école.
_ Et maintenant ? Qu’est-ce que tu fais ?
_ Comme tu le vois, j’aide ma famille à avoir des revenus après la mort de mon père.
_ Quand est-il mort ?
_ Il y a deux semaines, quand ils ont attaqué le supermarché de Nuseirat il passait par là quand c’est arrivé.
_ Tu as des frères ?
_ Oui (en montrant l’autre garçon), c’est Hasan, mon frère ainé, deux sœurs plus jeunes sont à la maison et ma mère.
_ Que penses-tu qu’il va se passer Ahmad ?
_ Eh bien, le rêve des Israéliens est de voir Gaza se vider par tous les moyens. Ils vont continuer à frapper, à bombarder, à détruire, à tuer jusqu’à ce qu’ils nous poussent dehors ou nous tuent tous.
_ Et que penses-tu que nous devrions faire ?
_ Faire ce que nous faisons maintenant, rester et vivre. »
12 décembre 2023 (Mauvais fils)
Oui, ma mère est en colère contre moi, et elle a raison, je suis un mauvais fils.
Je suis rentré du travail aujourd’hui et elle pleurait. Oui, ma mère de 83 ans pleurait. Au début, elle a refusé de dire pourquoi, elle n’arrêtait pas de dire : « Je veux rentrer chez moi, ramenez-moi chez moi. »
Je lui ai expliqué plusieurs fois que c’était devenu impossible, depuis que nous avons quitté notre maison à Gaza le 12 octobre, et que nous sommes venus ici à Nuseirat. Je lui ai dit plusieurs fois que l’armée israélienne a isolé Gaza et le nord en coupant la route à Netzarim Junction, la jonction entre le nord et le centre de la bande de Gaza.
Elle ne me croit pas, elle dit que cette route se trouve à Jabalia et qu’elle n’a rien à voir avec Gaza. Quoi que je dise, cela la met encore plus en colère et elle ne me croit pas. Elle ne sait pas qu’il est peut-être plus facile d’atteindre la lune maintenant que d’atteindre Gaza sans être abattu par un sniper ou tué par un obus.
J’ai renoncé à la convaincre et je me suis assis sur mon matelas en face de son lit pour l’écouter se plaindre.
« Tu n’es plus le même fils. Depuis que nous sommes arrivés ici, tu m’as empêché de voir mes filles, mes fils et mes petits-enfants. Ils passaient tous les jours chez moi, maintenant je ne vois plus personne, je n’ai plus personne au téléphone. Tu m’as privé de tout ! Tu ne m’apportes plus de café, ni de sucreries, de bonbons ni même de fruits. Tu avais l’habitude de m’apporter des bananes, des dattes, des pommes, des fraises, beaucoup de fruits, maintenant tu ne m’apportes plus rien. Tu dis que les Israéliens les empêchent d’arriver à Gaza. Mais comment tu veux que je te croie ? (…) Ce n’est pas possible, tu n’es plus le fils que tu étais. »
Comment puis-je en vouloir à ma mère ? Je ne peux pas. Je comprends que ce n’est pas facile à croire. Comment une personne saine d’esprit pourrait-elle croire que nous ne pouvons pas atteindre notre maison qui n’est qu’à 9 km d’ici, comment ? Que nous ne puissions pas trouver de café au marché ? Qu’il n’y ait pas de bonbons, de sucreries ou de fruits au marché ?
Je n’en veux pas à ma mère, c’est à moi que j’en veux.
Je m’en veux de ne pas pouvoir voler et traverser toutes les frontières pour arriver à un endroit où l’on peut trouver des fruits, des chocolats, des bonbons, du café et tout ce que ma mère souhaite. Je m’en veux de ne pas pouvoir atteindre Khan Younès ou Deir al Bahla ou Rafah et d’y amener mes frères et sœurs pour que ma mère puisse les voir. Je m’en veux de ne pas avoir de bâton magique pour réparer le réseau de communication d’un coup de baguette magique.
Désolé maman, s’il te plaît, pardonne-moi d’avoir été un si mauvais fils.
18 février 2024
« Regardez-vous pour 1 shekel ! ». Sur le marché, un enfant tient un morceau de miroir de 15 cm2, appelant les gens à se regarder le visage ou à voir leur corps pour 1 shekel.
Non, il n’y a pas de miroirs à acheter sur le marché. Avec un million de personnes dans des tentes, sans rien, sans moyens de subsistance, un miroir n’est absolument pas une chose que l’on penserait à chercher ou à avoir quand on n’a pas de nourriture, d’eau, d’électricité, de lait ou de couches pour les enfants, de machine à laver ou de réfrigérateur, de matelas ou de couverture, de porte pour l’intimité ou de toilettes, de four pour cuisiner ou de plat pour poser la nourriture. Un miroir est quelque chose que vous oubliez, votre apparence devant les autres n’est pas quelque chose d’important.
Le garçon essaie de gagner sa vie en offrant un service très rare, je n’ai pas vu mon visage depuis que je suis arrivé à Rafah, pas de miroir. J’ai demandé au garçon : « Tu gagnes vraiment de l’argent avec ce service ? »
_ « Oui, beaucoup de gens le veulent, je gagne au moins 30 shekels par jour (7,50$).
_ C’est bien pour toi.
_ Vous voyez cet homme ? (Il désigne un homme à 20 mètres de nous, qui marche dans l’autre sens.)
_ Qu’est-ce qu’il a ?
_ Il a regardé son visage dans le miroir et me l’a rendu, mais il ne m’a rien payé, il m’a juste rendu le miroir et s’est éloigné. Je ne l’ai pas arrêté. Pendant qu’il se regardait dans le miroir, je lui ai demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » Il avait une coupure sur le visage, de l’avant de la tête jusqu’à la poitrine, une longue coupure, une coupure affreuse. Je pense qu’il s’agissait d’une blessure ou d’un éclat d’obus, qui n’a pas encore bien cicatrisé. Il a regardé sa cicatrice et m’a rendu le miroir. J’ai vu des larmes dans ses yeux, alors je l’ai laissé partir, je n’ai pas demandé le shekel. »
Je n’ai pas fait de commentaire. J’ai pris le miroir, j’ai regardé mon visage, il est devenu très maigre. Je me rase sans miroir, alors certains poils de mon visage sont plus longs que les autres, et mon visage ressemble à une cicatrice. Je n’ai pas pleuré, j’ai donné 2 shekels à l’enfant et j’ai continué à marcher.
6 mars 2024
Depuis le début de la guerre, je n’écris que ce que je vois, ce que je ressens, ce dont je suis témoin, en évitant d’écrire ce que j’entends. Mais il y a des milliers de petites histoires qui ne peuvent être ignorées.
Un collègue de Khan Younès m’a raconté ceci : « J’ai quitté ma maison au début de l’invasion de Khan Younès et je suis venu à Rafah avec ma famille. Nous avons passé deux jours dans la rue avant de trouver une tente. Hier, nous sommes retournés à Khan Younès, il n’y a plus de maison. Ma maison, ma rue, tous les bâtiments de ma rue ont été détruits. En fait personne ne peut reconnaitre la rue et l’emplacement des maisons. »
Un ami d’Abasan, à l’est du village de Khan Younès : « Dès que nous avons appris que l’armée israélienne avait quitté le village, nous y sommes retournés. Ma maison n’était plus là. Les gens étaient dans les rues en train de ramasser des corps. Oui, des corps de personnes qui étaient mortes depuis des jours, voire des semaines. Ils étaient laissés là ; beaucoup avaient été en partie dévorés par les chiens et les chats de la rue. Une femme a reconnu son mari à sa chemise, il n’y avait plus de visage, plus de peau. »
Un homme de Gaza nous a raconté : « Il y avait des gens entre Gaza et le camp de Nuseirat, dans la zone centrale de la route maritime, qui attendaient les gens qui partaient de Gaza et du nord pour aller vers le sud. Ils attendaient avec de l’eau, du pain et de la nourriture à donner. Une femme est arrivée, très maigre, très épuisée. Ils l’ont accueillie et lui ont donné de la nourriture. Elle a attrapé un morceau de pain et l’a mangé en pleurant, en répétant : « Du pain, du pain, 3 semaines sans pain ! Personne ne sait ce que signifie se nourrir d’herbe et de nourriture animale, sauf ceux qui doivent le faire ! Du pain, du pain ! ». Et elle continuait à pleurer.
À l’hôpital d’Alnajjar, un homme de 65 ans a été arrêté pendant trois semaines par l’armée israélienne. Personne n’a pu déterminer à quel type de torture il avait été exposé. L’homme ne parlait pas, il avait des cicatrices aux poignets, aux pieds, au nez, et ses yeux étaient grands ouverts, regardant partout comme s’il cherchait quelqu’un ou regardait quelqu’un avec effroi.
Selon l’UNICEF, 17 000 enfants sont devenus orphelins à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Un homme a déclaré : « Mon père a refusé de quitter sa maison à Khan Younès. Lorsque nous sommes rentrés chez nous trois semaines plus tard, nous avons trouvé notre père abattu d’une balle dans la tête, mort depuis plus d’une semaine. Son corps sentait mauvais. »
Un garçon a déclaré : « Lorsque nous avons quitté Khuza (un village de Khan Younès), je n’ai pas trouvé ma chatte, elle se cachait quelque part, et nous avons dû partir. Nous y sommes retournés hier, trois semaines plus tard, et j’ai trouvé mon chat mort dans la cuisine »
Ai appelé mon frère à Gaza :
_ Comment vas-tu ?
_ Très mal.
_ Désolé pour la question stupide. Comment allez-vous ?
_ Je meurs avec mes enfants, en silence.
_ Êtes-vous allé là où la nourriture a été larguée, peut-être avez-vous pu obtenir quelque chose ?
_ Je préfère voir mes enfants vivre un jour de plus, même affamés, que de les voir abattus ou poignardés pour de la nourriture que nous pourrions peut-être ou peut-être pas obtenir. »
23 mars 2024
« J’ai visité plus de 25 pharmacies et 5 hôpitaux à la recherche de médicaments pour mon père. Je ne les ai pas trouvés. Son état se détériore et je suis très inquiet pour sa vie, s’il vous plait, aidez-moi ! »
« Depuis que ma femme est morte dans le bombardement du marché de Nuseirat, je ne sais pas comment m’occuper de mes petits jumeaux, qui ont 1 an ½. Je suis dans une tente, seul avec eux. Je dois sortir pour chercher de la nourriture et travailler. Je vends des produits alimentaires recyclés au marché, ce qui me permet de gagner entre 20 et 25 shekels par jour. Mes voisins de la tente voisine rendent visite à mes enfants, essayant de s’occuper d’eux, mais ils ont aussi leurs propres problèmes et les complications de la vie. Je ne sais pas quoi faire, s’il vous plait, aidez-moi ! »
« Je laisse mes enfants dans la tente à 7 heures du matin jusqu’au coucher du soleil pour aller mendier dans les rues. Mon mari, mon père, mes frères, les parents de mon mari et ses frères et sœurs, 22 personnes en tout, ont été tués. J’étais au marché quand ils ont bombardé notre maison. Je ne sais pas comment mes enfants passent leur temps en mon absence, ils m’attendent pour manger. Je ne peux leur fournir qu’un seul repas par jour, je n’ai pas reçu de colis alimentaire. Savez-vous comment vous inscrire pour bénéficier d’une aide alimentaire ? Aidez-moi, s’il vous plait ! »
« Mère, pourquoi mon lit est-il soudainement mouillé ? J’ai 16 ans, je n’ai jamais fait ça ! Je ne veux pas me réveiller avec de l’urine dans mes vêtements ! S’il vous plait, aidez-moi ! »
« Mes seins sont secs, je ne peux pas nourrir mon bébé de 3 mois, je n’ai pas les moyens d’acheter du lait en poudre. Aidez-moi s’il vous plait ! »
« Je m’appelle Ali et j’ai 9 ans. Toute ma famille a été tuée, je n’ai plus de mère, plus de père, plus de frères, plus de sœurs, plus de grands-parents. J’ai peur, s’il vous plait aidez-moi ! »
« Je m’appelle Jamila, j’ai 12 ans, je n’arrive pas à dormir la nuit. Je fais des cauchemars, j’ai peur des bombardements ! Je ne sais pas quoi faire, s’il vous plait aidez-moi »
Un homme s’est évanoui dans la rue. Les gens l’ont aidé à se réveiller, il a ouvert les yeux, regardant autour de lui comme une personne perdue. Il dit d’une voix très faible : « J’ai faim, je n’ai rien mangé depuis trois jours, ni mes enfants ! Aidez-moi, s’il vous plait ! »
Un homme assis à côté d’une mosquée avec sa femme et ses trois enfants, deux filles et un garçon. L’ainé a 13 ans, le plus jeune a 3 ans. Il dit : « Je n’ai pas d’endroit où rester, pas de maison, pas de tente, je suis dans la rue avec ma famille depuis 4 jours. S’il vous plait, aidez-moi ! »
« Mon fils a été blessé et a perdu ses jambes il y a trois mois. Il n’a que 16 ans. Je n’arrive pas à trouver de fauteuil roulant pour lui, et je ne peux pas le porter seul aux toilettes ! Aidez-moi s’il vous plait ! »
« J’étais au marché avec ma femme pour acheter des bonbons fabriqués localement, seulement 250 g. C’est très cher. Ma femme m’a demandé d’en acheter un autre de 250 g. Je l’ai fait et elle l’a pris. Il y avait un petit garçon qui avait l’air très pauvre. Elle lui a donné les bonbons et lui a demandé de les partager avec ses frères et sœurs. Le garçon a souri et s’est éloigné rapidement. J’aime ma femme. »
Le 10 juin 2024
Ouvrez les yeux, ouvrez votre cœur et remettez en question votre humanité ; oui, nous avons tous besoin de temps en temps de remettre en question nos principes humanitaires.
Les 120 Israéliens enlevés, capturés et emprisonnés par le Hamas doivent rentrer chez eux, retrouver leurs familles, oui, ils le doivent ! Je veux vraiment les voir parmi leurs familles et leurs proches, tout comme je veux qu’il en soit de même pour les plus de 13 000 Palestiniens enlevés, capturés et emprisonnés par les Israéliens. Je veux voir ces milliers de personnes chez elles, avec leurs familles, avec leurs proches.
Avant le 7 octobre, Israël avait enlevé et emprisonné plus de 4 000 Palestiniens. Depuis le 7 octobre, Israël a enlevé plus de 9000 Palestiniens. Des milliers d’entre eux sont exposés à de graves tortures ; beaucoup en sont morts. Pourtant, personne n’interroge Israël à leur sujet, car ils ne sont pas considérés comme des êtres humains ! Ouvrez les yeux, ouvrez votre cœur.
À Gaza, les chiens des rues meurent de faim. Avant, ils vivaient des restes des gens ; maintenant, les gens n’ont plus de restes, ils meurent de faim. Certains chiens survivent grâce aux cadavres de Palestiniens laissés dans les rues, tués par les Israéliens et laissés dans les rues pendant des jours et des semaines. Ils servent de repas aux chiens. Ce n’est pas une fiction, cela se passe à Gaza ! Ouvrez les yeux, ouvrez votre cœur.
Un homme amputé d’une jambe avance en titubant, s’appuyant sur l’épaule de sa fille, et lui dit : « Je t’épuise, ma chérie ».
Une mère porte les cadavres de ses deux enfants en pleurant : « Pourquoi m’as-tu abandonnée ? Je ne peux pas vous enterrer, je ne peux pas, c’est vous qui devriez m’enterrer quand vous serez grands ! »
Ouvrez les yeux, ouvrez votre cœur.
Un jeune homme portant une veste par temps chaud, essayant de cacher son bras amputé.
Un homme de Gaza a envoyé un message à ceux qui ne sont pas à Gaza, un message d’envie :
_ « Je vous envie de ne pas être obligés de perdre du poids !
_ Je vous envie de ne pas dormir et de ne pas vous réveiller avec des drones, des bombardements et des bruits d’obus 24 heures sur 24 pendant 8 mois et plus !
_ Je vous envie de ne pas entendre les cris de détresse des gens sous les décombres, qui meurent et que vous ne pouvez pas aider !
_ Je vous envie que vos enfants ne vivent pas jour et nuit dans la peur et la panique !
_ Je vous envie de pouvoir offrir un morceau de chocolat à vos enfants lorsqu’ils le demandent !
_ Je vous envie d’avoir des machines à laver et de ne pas être obligés de nettoyer vos vêtements avec une quantité de 1 ou maximum 2 litres d’eau !
_ Je vous envie de ne pas être obligés de manger des conserves et de l’eau insalubre pendant des mois et des mois jusqu’à l’émaciation !
_ Je vous envie de ne pas devoir faire un feu tous les jours pendant 9 mois avec des bouts de bois, du papier, du plastique et tout ce que vous pouvez trouver d’inflammable pour chauffer un peu de nourriture pour votre famille, en vous brûlant les mains et la poitrine et en respirant de la fumée toxique !
_ Je vous envie de ne pas avoir le sentiment d’être un fardeau pour les autres lorsque des parents ou des amis vous accueillent dans leur maison ou leur tente !
_ Je vous envie de ne pas vous soucier de l’intimité de votre femme et de votre fille dans une tente non protégée ou dans des latrines publiques !
Ouvrez les yeux, ouvrez votre cœur et remettez en question votre humanité ! Il n’y a pas de honte, nous avons tous besoin de remettre en question nos principes humanitaires de temps en temps.
Il suffit d’ouvrir…